Chennai quasiment à sec – un sombre présage pour I'avenir
par Marketing
La crise migratoire à la frontière américaine fait à nouveau la une des journaux ces jours-ci. Pendant ce temps, à l'autre bout du monde, une métropole de plusieurs millions d'habitants est en train de s'assécher, livrant ainsi des prévisions plutôt sinistres sur ce à quoi les États-Unis et le reste du monde devront faire face si la question du changement climatique n'est pas abordée avec le plus grand sérieux.
Ces images satellites du 15 juin 2018 (à gauche) et du 15 juin 2019 montrent à quel point la taille du réservoir du lac Puzhal à Chennai a diminué. Image : AP
Une photo fait le tour du monde. Un père et sa fille sont allongés sur les rives du Rio Grande au Mexique. Leurs visages sont tournés vers le bas. Dans leur fuite vers les États-Unis, ils n'ont pas survécu à la traversée.
C'est l'un de ces moments où les chiffres ont un visage. 144 000 personnes ont été interceptées à la frontière américaine en mai de cette année.
Cependant, seule la photo et le destin d'Oscar Alberto Martinez Ramirez et de sa fille ont suscité un éveil de la part du public. Le jeune homme de 25 ans espérait offrir une vie meilleure à sa petite famille. Il ne voyait aucun avenir au Salvador. Le pays d'Amérique centrale affiche le taux d'homicides le plus élevé au monde.
Son histoire bouleverse le monde : Oscar Alberto Martinez Ramirez et sa fille Valeria de leur vivant.Capture d'écran : CNN
L'histoire dramatique de la famille Ramirez n'est pas un cas isolé. Bien au contraire. Chaque jour, de nombreuses familles subissent le même sort. Que ce soit en Méditerranée, dans la mer du Bengale ou sur les côtes d'Australie.
Chennai quasiment à sec
Et la catastrophe ne fait que commencer. Un avant-goût de ce qui nous attend dans l'avenir peut être observé cette semaine en Inde. Chennai, la sixième plus grande ville du pays, connaît une pénurie d'eau sans précédent.
Les quatre plus grands réservoirs d'eau de la ville sont presque tous asséchés. Les cinq millions d'habitants de la métropole indienne doivent faire la queue pendant des heures pour remplir leurs récipients d'eau potable.
« Chennai prie pour la pluie » : Leonardo DiCaprio attire l'attention sur la pénurie d'eau à Chennai.
Le gouvernement fait acheminer des camions pleins d'eau dans la ville est-indienne. Mais les camions d'approvisionnement sont attaqués et détournés par des brigands, fait valoir Jyoti Sharma, fondateur d'une ONG indienne œuvrant pour la conservation de l'eau, devant CNN. Entre quartiers, des disputes liées à la crise de l'eau donnent lieu à des scènes de violence. « S'il ne pleut pas dans un avenir proche, nous allons tous souffrir », prédit Sharma.
La pénurie d'eau à Chennai est imputable d'une part à une mauvaise gestion de l'eau par le gouvernement. L'autre raison est le changement climatique. La mousson n'est plus aussi régulière que par le passé et les périodes de sécheresse prolongées sont de plus en plus fréquentes.
Il n'y a pratiquement plus rien à tirer d'ici : Vue du réservoir asséché du lac Puzhal. Image : AP/AP
Selon les estimations du Niti Aayog, groupe de réflexion indien du gouvernement, 600 millions de personnes en Inde sont touchées par la pénurie d'eau. Bengalore, Chennai, Mumbai et Delhi : « Tout le monde manque d'eau », prévient Sharma.
1,8 milliard en danger
Les conséquences sont dévastatrices : en 2050, on comptera 150 à 300 millions de réfugiés climatiques, selon les estimations. L'ONU évalue à 1,8 milliard le nombre de personnes qui seront affectées par la pénurie d'eau.
La migration climatique est déjà un fait réel aujourd'hui. Par exemple en Amérique centrale, dont sont originaires Ramirez et sa famille. Rien qu'au Mexique, la désertification croissante contraint 700 000 personnes chaque année à changer leur lieu de résidence.
Pendant ce temps, l'Égypte tout entière craint que l'Éthiopie ferme les robinets du Nil avec son nouveau barrage. En Irak, le Tigre a atteint des niveaux historiquement bas l'année dernière, tandis que les tensions entre la Chine et l'Inde au sujet des réserves d'eau dans l'Himalaya se font toujours plus vives.
Le Tigre près de Bagdad : en été 2018, le niveau de l'eau a atteint des niveaux historiquement bas, et à présent la Turquie a également construit un énorme barrage en amont.
La liste pourrait être allongée presque indéfiniment. Même en Australie, la bataille pour l'eau atteint son paroxysme. Et que se passera-t-il une fois que les glaciers de Suisse, le château d'eau de l'Europe, auront fondu ?
Mises en garde contre le risque d'un« apartheid climatique »
Nous ne mourons pas encore de soif dans ce pays. Dans un premier temps, elle touche les plus démunis. Cette semaine, le rapporteur spécial des Nations Unies sur l'extrême pauvreté, Philip Alston, a mis en garde contre le risque d'un « apartheid climatique ». Les riches peuvent se protéger des conséquences du changement climatique, tandis que les pauvres endurent le pire.
L'« apartheid » prend déjà forme : l'Europe ferme hermétiquement la Méditerranée et renvoie les réfugiés en Libye aux mains de barbares trafiquants d'êtres humains qui tiennent même des marchés aux esclaves. Pendant ce temps, Trump entend fermer les frontières de son pays et laisse les enfants de migrants dormir à même le sol.
La migration ne s'arrêtera pas pour autant. Quand les gens n'auront plus rien à boire, ils quitteront leur pays d'origine. Les tragédies comme celle qui a eu lieu cette semaine sur le Rio Grande se multiplieront. Et ce n'est pas un mur, mais une politique climatique efficace qui permettra de lutter contre ce phénomène.
Watson, Chennai quasiment à sec – un sombre présage pour I'avenir: https://www.watson.ch/!233407062?utm_medium=social-user&utm_source=social_app, article consulté 28/06/2019.